C’est un fléau mondial auquel sont confrontées toutes les nations. Les activités de jeu illégales sont devenues la bête noire des autorités qui n’ont de cesse de les combattre. Cela passe par la traque, les blocages et les sanctions. En France, l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a même établi une liste noire des sites de jeux interdits et mènent des actions pour sensibiliser la population à plus de prudence. Récemment, des enquêtes visant les acteurs du jeu illégal en ligne ont été ouvertes par le parquet de Bruxelles, suite aux dénonciations du réseau des médias European Investigative Collaborations (EIC). Un événement que le syndicat Casinos de France salue et félicite.
Une décision en faveur de la lutte que mène les Casinos de France ?
La France possède l’une des réglementations les plus strictes en matière de jeux de hasard et d’argent. Le pays n’autorise d’ailleurs pas les casinos en ligne. Seuls les casinos physiques ainsi que les sites de paris sportifs et de poker en cash games et tournois ont le droit d’opérer sur le territoire. Pourtant, de nombreux joueurs français jouent sur des sites internationaux en raison de l’offre gigantesque de jeux et de promotions, au grand dam des mises en garde de l’autorité de régulation. L’attrait des sites internationaux se justifie par des promotions de type casino bonus sans dépôt, ce qui intéresse les joueurs actifs de nombreux pays, que ce soit en France, au Canada ou ailleurs. Certaines provinces du Canada ont d’ailleurs compris l’engouement des joueurs pour ce type de site. En témoigne l’Ontario a tôt fait de légaliser les jeux de casinos en ligne, permettant par ricochet à ces opérateurs autrefois en zone grise d’obtenir légalement leur licence.
En France par contre, la censure reste de mise. En conséquence, les joueurs continuent de se tourner vers ces plateformes aux offres intéressantes. Certes, tous les sites ne sont pas agréés en France, mais la plupart d’entre eux possèdent des licences de jeux étrangères, ce qui légitimise leur fiabilité. Toutefois, pour les Casinos de France, ce n’est pas suffisant. Depuis quelques années, le syndicat dénonce un système parallèle qui ne respecte aucune régulation.
Lorsqu’en Juin 2025, le parquet de Bruxelles a annoncé l’ouverture d’une enquête à l’encontre de la filiale belge du groupe français Worldline, le syndicat y a vu un signe de victoire. Pour rappel, Worldline est une entreprise spécialisée dans les services de paiement et de transactions numériques. Des révélations d’une enquête menée par le site français Mediapart et vingt autres médias internationaux du réseau EIC ont mis à jour des pratiques douteuses qui impliquaient aussi des casinos illégaux. Dans “Dirty Payment”, nom donné à l’enquête, il est révélé que pendant dix ans ce leader mondial du paiement en ligne aurait brassé des milliards d’euros de paiements frauduleux, en faveur des arnaqueurs, casinos illégaux, réseaux de blanchiment présumés, et autres.
Pour le moment, la filiale belge du groupe est celle qui va en baver. Si le parquet de Bruxelles s’est saisi de l’affaire, c’est parce que l’enquête avait révélé que cette filiale “possédait les pratiques les plus douteuses et les procédures de conformité les plus lâches”. Même si l’enquête ne se déroule pas en France, c’est une victoire pour les Casinos de France. Dans un communiqué datant de Juillet 2025, le président du syndicat et Directeur du Groupe Barrière, Grégory Rabuel, s’exprime : « Il ne peut y avoir deux poids, deux mesures dans l’univers du jeu : les acteurs régulés qui assument leurs responsabilités, d’autres qui contournent les règles en toute impunité. Cette situation n’est plus acceptable. Les fournisseurs de moyens doivent comprendre qu’ils jouent un rôle central dans la dérive désastreuse du jeu illégal. Cette déstabilisation de toute une filière exige une réponse ferme de la puissance publique afin de protéger nos mineurs, nos finances publiques et ainsi préserver notre modèle français de régulation du jeu ».
Il y a peu, on parlait encore de “légalisation du casino en ligne” en France
En 2024, le gouvernement français avait déposé un amendement visant à autoriser les casinos en ligne dans le cadre du projet de budget 2025. Cet amendement avait pour mission non seulement de contrôler le marché illégal du secteur des jeux en ligne, mais aussi de mobiliser de nouvelles recettes au profit de l’Etat. Mais les Casinos de France ne voyaient pas les choses de cette façon. Pour eux, cet amendement est une réelle menace pour la survie de “65 casinos physiques et 15 000 emplois”. Une légalisation des casinos en ligne en France conduirait aussi les casinos physiques à perdre 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires, selon Grégory Rabuel. C’est une concurrence qu’ils qualifie de malvenue.
Suite au mécontentement et aux pressions de la part des casinos physiques français, de l’ANJ et de la Fédération Addiction, le gouvernement a retiré l’amendement. Pourtant, un sondage réalisé par la Fédération des Jeux en Ligne (AFJEL) dans la période avait révélé que « 62 % des français était favorable à l’encadrement par la loi des jeux de casino sur internet et 93 % souhaitaient que l’offre en ligne soit sécurisée et régulée pour les joueurs ». À ce jour, jouer sur des sites de casino en ligne demeure illégal en France. Peut-être cela changera t-il ? Seul l’avenir nous le dira !